Pauline – Le Gai Fouillis : Quand la brocante devient une passion intemporelle

Pauline – Le Gai Fouillis : Quand la brocante devient une passion intemporelle

Depuis plusieurs années, Pauline, créatrice du Gai Fouillis, chine, restaure parfois et propose des objets anciens empreints d'histoire et de caractère. Son amour pour la brocante ne s'arrête pas à la recherche de pièces rares : elle leur redonne vie et les partage avec des amateurs de décoration authentique et singulière. Dans cette interview, elle nous parle de son parcours, de sa vision de la brocante en ligne et de la manière dont elle sélectionne ses trésors.

Qu’est-ce qui vous a conduit à créer Le Gai Fouillis et à vous lancer dans la brocante en ligne ?

J'ai été élevée dans une famille ou la brocante est une passion partagée. Ma mère m'emmenait souvent chiner, et si enfant cela ne me passionnait pas, j'ai fini par y prendre goût. Dès mes 18 ans, j'ai rêvé d'ouvrir ma propre brocante, mais la logistique me semblait compliquée : louer un local, gérer un stock conséquent, et surtout, trouver les fonds nécessaires.

J'ai donc mis cette envie de côté pendant plusieurs années, jusqu'à ce que je découvre la vente en ligne, qui m'a permi d'ouvrir une entreprise à moindre frais et à taille humaine. C'est en m'installant dans le Limousin, ma région de coeur, que j'ai décidé de franchir le pas. En 2022, je me suis lancée, et même si cela m'a demandé beaucoup de motivation et évidemment beaucoup de travail, ce fut l'une des meilleures décisions de ma vie.


Comment sélectionnez-vous les objets que vous proposez dans votre boutique ? Avez-vous des critères précis ou privilégiez-vous les coups de cœur ?

Au départ, j'achetais essentiellement des objets qui me plaisaient ou paraissaient à la mode, mais au fil du temps je me suis aperçue que ce n'était pas forcément la bonne méthode, j'ai amassé au prix de mon budget, des objets sans réel interet ou valeur. Aujourd'hui, ma sélection est plus réfléchie et mes gouts personnels ont évolués en ce sens : je privilégie les pièces artisanales, signées ou rares, et j'évite maintenant les objets produits en série.

Mon processus d'achat repose en grande partie sur la curiosité : si un objet attire mon regard par sa beauté mais que je ne connais pas son histoire, alors je le prend avec moi et je fais mes recherches, j'apprends, et cela me permet d'affiner mon expertise de semaine en semaine. J'ai également changé ma stratégie : plutôt que d'acheter plusieurs petites pièces peu intéressantes, je m'abstiens, augmentant ainsi mon budget pour pouvoir investir dans des objets plus rares, de plus belle qualité, en meilleur état... etc... Ma charge de travail s'en trouve réduite, le "turn-over" de mon stock bien plus rapide, et de manière globale tout s'est amélioré depuis que je travaille ainsi.

Selon vous, qu’est-ce qui rend un objet ancien ou vintage si spécial dans une décoration intérieure ?

Au-delà de son esthétique originale voir unique, un objet ancien apporte une âme à un intérieur. Dans un monde où les tendances de décoration se standardisent au rythme des modes suivies par les grandes enseignes, et que de fait tous les intérieurs en viennent à se resembler de près ou de loin, il permet d'ajouter une touche personnelle, authentique, de se démarquer tout en forgeant un environnement en résonnance avec ses goûts et son sens du beau.

Mais c'est aussi une question de ressenti. Chaque pièce ancienne a une histoire : elle a été façonnée avec soin, elle a été aimée. Elle fut un cadeau, un souvenir de voyage... Chaque pièce est emprunte d'émotions. Elle porte en elle une mémoire que l'on perçoit inconsciemment, selon moi. Voir ces objets au quotidien c'est comme croiser quelqu'un qu'on aime au détour d'un couloir, une sorte de petit bonheur quotidien qui fait toute la différence. En remplissant sa demeure de ces objets qui ont une âme, on lui donne une âme à elle aussi, et c'est une chose merveilleuse.

 

Quelle place occupent les émotions et les histoires dans votre travail de chineuse ?

Elles sont essentielles. Chaque objet ancien a vécu, traversé des époques, a partagé le quotidien de tant de vies, que pour moi il en est imprégné. Je suis convaincue que les objets possèdent une mémoire. Quand je me saisi d'un bel objet ancien, il me raconte indéniablement son histoire.

Lorsque je chine, je me laisse guider par mon instinct : je cherche des pièces qui me touchent, qui éveillent une émotion. Ce lien avec le passé est une des facette de mon métier qui me plait le plus. Et le fait de permettre à mes clients de trouver leur propre coup de c œur, un objet qui leur apportera une émotion particulière, qui illuminera leurs journées, de la même façon que mes objets illuminent les miennes, est une vraie motivation au quotidien. Je me considère vraiment comme une chanceuse marchande de petits bonheurs.

Pouvez-vous nous parler d’un objet rare ou marquant que vous avez trouvé et vendu via Le Gai Fouillis ?

Choisir un seul objet est difficile, car j'ai un attachement particulier à presque toutes les pièces que je mets en vente puisque je sélectionne ce que je trouve beau, personnellement. À ce jour, j'ai vendu plus de 1300 objets, et je me souviens de presque chacun d'entre eux, d'ailleurs c'est souvent difficile de les laisser partir vers une nouvelle vie il faut le reconnaitre.

Pour moi, chiner est une des facette de mon métier qui m'apporte le plus de joie, c'est une chasse aux trésors, et je pense que mes collègues seront d'accords là dessus. Chaque trouvaille est un petit coup de foudre, un moment spécial, souvent partagé avec mes proches, dans des lieux que l'on aime parcourir ensembles.

Chaque objet vendu a fait un passage dans ma vie, et je suis heureuse de savoir qu'il continue son histoire chez quelqu'un qui l'appréciera autant que je l'ai apprécié le temps qu'il resta entre mes mains.


Comment percevez-vous l’évolution de la brocante en ligne dans un monde de plus en plus numérique ?

Contrairement à ce que certains pourraient penser, je trouve que la dimension humaine n'a pas disparu avec la digitalisation de la brocante. Certes, les échanges ne sont plus physiques comme dans une boutique traditionnelle, mais il m'arrive souvent d'avoir de longues discussions écrites avec des acheteurs passionnés, et ces échanges sont tout aussi enrichissants. Et je dois noter à titre personnel que la brocante en ligne m'a permis de me fabrique un emploi sur mesure quand il était compliqué d'en trouver un qui me convienne, cela me permet de travailler dans un environnement calme et sécuritaire et donc d'exploiter mes capacités à un niveau supérieur que je ne le pourrais si je travaillais dans d'autres conditions.

J'ai également remarqué que la brocante en ligne a permis à beaucoup de femmes de se lancer dans ce métier, et pas à moindre échelle, on est probablement autour des 150 pour 200. Là où les boutiques physiques sont souvent tenues par des hommes dans des modèles classiques, le marché numérique a ouvert de nouvelles opportunités : concilier passion et vie de famille, se réorienter professionnellement, et développer une nouvelle manière de travailler. Mais a aussi apporté des originalités dans le modèle historique de la brocante.

Enfin, il y a aussi une dimension écologique : en donnant une seconde vie aux objets, et même souvent à nos emballages de colis, on réduit l'impact environnemental et on encourage une consommation plus responsable.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent intégrer des pièces anciennes dans un intérieur moderne ?

Le plus important est de suivre son instinct. Je conseille donc de ne pas hésiter à craquer sur un coup de c œur , d'autant que passer à coté d'une pièce unique peut devenir un grand regret quand on aime les belles choses.

Je trouve de plus que mélanger les genres affine notre sens de l'esthétisme, car ça demande une petite gymnastique, néanmoins fort plaisante. Le principal pour moi et de s'entourer de choses que l'on aime, avec les quelles ont se sent résonner, que l'on sera heureux de croiser au quotidien dans son intérieur. Si vous aimez un objet, vous lui trouverez une place quelque soit votre décoration actuelle.


Quelles sont vos inspirations pour dénicher des perles rares ? Y a-t-il des styles ou des époques que vous appréciez particulièrement ?

J'ai une passion particulière pour l'artisanat et l'art populaire, notamment les objets folkloriques. J'aime les pièces chargées de culture, de traditions... Qu'elles viennent d'Europe de l'Est, du Maroc ou encore du Japon.

En parallèle, je m'intéresse de plus en plus à la peinture, et je passe du temps à chercher des tableaux uniques. Je suis moi-même une créative, et j'ai une profonde admiration pour le travail des artisans et artistes, qui mettent tout leur savoir-faire et leur amour dans leurs créations.

Je préfererai toujours une pièce artisanale à un objet produit à la chaîne, même si je dois économiser un moment pour pouvoir me l'offrir.

Que représente pour vous l’approche d’Ethic Atelier et qu’espérez-vous partager avec ses clients ?

Ethic Atelier a à mon sens une approche très saine de la consommation, qui correspond tout à fait à ma propre vision des choses. Réutiliser, upcycler, et valoriser les objets anciens sont des valeurs que je partage profondément.

En plus de l'aspect écologique, il y aussi une question de santé : les objets anciens, fabriqués avec des matériaux naturels, ne contiennent pas les polluants et perturbateurs endocriniens que l'on trouve dans de nombreux produits modernes et qui au quotidien deviennent des menaces pour notre santé.

Enfin, un bel objet ancien n'est pas qu'une décoration, c'est une source de bien-être, de sérénité et même de joie. Si un intérieur harmonieux peut apporter du bonheur au quotidien, alors je suis heureuse et fière de mon métier ainsi que de collaborer avec Ethic-Atelier.


Quels sont vos projets ou aspirations pour Le Gai Fouillis dans les années à venir ?

En 2025, j'entame ma quatrième année d'activité. L'année précédente a été un véritable tournant pour moi : j'ai repensé ma sélection, revu entièrement mon site et amélioré ma photographie. Ces changements ont porté leurs fruits, et j'ai aujourd'hui une régularité que je n'aurais jamais imaginée atteindre au début de mon activité.

Désormais, mon objectif est de pérenniser cette évolution, en affinant toujours plus ma sélection et en consolidant ma façon de travailler. Je veux faire en sorte de longtemps continuer dans cette voie, car La Brocante est bien plus qu'un métier : c'est une véritable passion.

Pour finir, ne perdons pas de vue que le statut d'auto-entreprise est un statut menacé depuis quelques années et qui l'est chaque jour un peu plus, beaucoup d'entre nous se battent au quotidien pour que perdure la possibilité pour chacun de faire de cette passion son métier.

Merci à Pauline pour cet échange inspirant ! Découvrez ses trouvailles sur Ethic Atelier et laissez-vous séduire par des objets chargés d'histoire.

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